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Le Trotteur

 

Jacques Monestier a toujours été passionné par les automates. Dans son enfance, il construisait des petits sujets animés avec des allumettes, du bois... Après son baccalauréat, il suit une école d'ingénieur qui manquait de poésie à son goût. Les années passées dans cette école lui permettent d'acquérir de bonnes bases en mécanique et en électricité. Il préfère alors intégrer les Beaux-Arts dans la section architecture. Grâce à ces deux cursus, il maîtrise l'art et la technique qu'il réunit, pour son plaisir, dans la fabrication d'automates.

 



Un événement va bouleverser sa vie. Il obtient la bourse de la Fondation Bleustein-Blanchet, le célèbre fondateur de Publicis, qui lui permet d'arrêter ses études et de transformer sa vocation en un métier qu'il exerce aujourd'hui depuis plus de trente ans. Monsieur Bleustein-Blanchet sera d'ailleurs pendant de nombreuses années son meilleur client. Aujourd'hui, Jacques Monestier fabrique des automates qu'il édite en série limitée. En général, il lance une souscription puis réalise une série de huit exemplaires.

Une de ses réalisations est monumentale et extrêmement connue, c'est la grande horloge du quartier de l'Horloge à Paris où, toutes les heures, un homme se fait attaquer par un crabe, un oiseau ou un dragon. Nul ne sait jamais l'animal qui va se manifester puisque l'artiste a installé un programmateur de hasard. Une autre horloge, installée à Charleville-Mézieres, est de dimension encore plus importante : dix mètres de haut et un peu plus de cinq tonnes.

Fasciné par la main, Jacques Monestier souhaitait en créer une, de façon décorative, qui s'ouvre et se referme sous un globe. Peu à peu, il s'est aperçu de la grande capacité qu'avait cette sculpture à saisir des objets. Des recherches, guidées par le Docteur Jean-Eric Lescoeur de l'hôpital de Saint-Cloud, persuadé de l'avenir de ce type de prothèse à préhension molle, ont permis d'obtenir une main en bronze qui s'adapte aux contours des objets, qui s'ouvre et se referme par une simple contraction des épaules. Certains amputés en possèdent une, les résultats sont spectaculaires car ils retrouvent une grande partie de leur autonomie compte tenu de sa précision. Malheureusement, cette main n'est toujours pas industrialisée.

 

 

Un autre projet tout à fait étonnant le passionne depuis plus de seize ans : l'apocalypse de Saint-Jean, un automate représentant une voûte sphérique où Saint-Jean narre cette apocalypse que l'artiste illustre avec automates, projections sphériques, lasers, ordinateurs, fauteuils vibrants... Il souhaite mobiliser tous les sens des spectateurs pour la lecture de ce texte. Stupéfiant.

Sa dernière réalisation est un cheval. Un cheval particulier. Equipé d'un radar, il se met à trotter dès que l'on s'approche. Jacques Monestier, passionné par cet animal, a étudié les mouvements du trot dans ces moindres détails. A l'aide de cartons et de baleines de parapluie, il a recréé les différentes étapes de cette allure. Pointilleux, il a analysé de nombreux films au ralenti et s'est inspiré des photos du début du siècle pour bien assimiler la décomposition.

Aujourd'hui, le mouvement est absolument surprenant. De plus, la plastique de cet automate est parfaite. Une patine or lui donne tout son éclat.

Jacques Monestier souhaite réaliser très prochainement un cheval attaqué par un dragon et qui se cabre, un cheval au galop, un cheval qui se couche...et l'on verra certainement d'ici quelques années se constituer une collection de toutes les attitudes et allures du cheval.

Son rêve, créer un cheval grandeur nature pour les places publiques de France. Imaginez Louis XV sur un cheval qui se cabrerait au centre de la place des Vosges à chaque fois qu'un passant le découvrirait...

 

Photos et texte: Sophie Attali

 

Publié dans le Numéro 27 de la revue EQUUS-Les Chevaux