Le Cheval Bleu
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Jean ROCHEFORT

 

Nous allons ici vous conter l'histoire d'un personnage atteint d'une passion amoureuse. Cette aventure aurai pu débuter dans la tendre enfance de Jean Rochefort, son père le poussait alors vers l'équitation. Mais celle-ci trouva en fait, sa source lors du tournage d'une comédie nommée "Cartouche" (merci Monsieur de Brocca) au cours duquel Jean Rochefort, à 30 ans, allait devenir une des plus belles conquêtes du grand quadrupède à la croupe musclée si féminine et au chanfrein aussi droit que sa fidélité envers l'homme : j'ai nommé le cheval.

 

Jean Rochefort avec Nashville

 

Lors de la préparation de ce film "physique" où trois semaines d'entraînement sont imposées, Jean Rochefort se rend alors compte de ses incapacités physiques de l'époque. L'équitation s'impose alors à lui et transforme complètement sa vie. L'homme s'engouffre sans aucune restriction dans cette voie.

Officiellement, cette nouvelle passion n'empiète pas sur les activités de cet l'homme de spectacle... Officiellement, Jean respecte ses contrats envers producteurs et assureurs et bannit toute activité sportive "à risque" durant les périodes de tournage. Néanmoins, quelques anecdotes laissent à penser que certaines décisions n'ont pas toujours eu comme fil directeur le cinéma et le cinéma seul. Ainsi le planning du tournage d'un film fut transformé au lendemain d'un week-end douloureux, un rôle dans un film sans prétention (loin de là) fut accepté à Rio de Janeiro, près du centre d'entraînement de Nelson Pessoa. "Le Misanthrope" fut appris en chevauchant Blandice, loin du bruit et de l'agitation en forêt. Pour résumer tout cela, cette passion délirante a fait cohabiter deux extrêmes dans la vie de Jean Rochefort : le cinéma et ses millions de budget en semaine sauvagement mis en équlibre par des week-end de compétition de niveau modeste près de Bouzu-le-Tétu ou de Tournont-la-Vrille.

On se doute que le tout fût bien sûr difficilement compatible avec une vie reposante. Mais non content de tenter le diable régulièrement, Jean Rochefort réussit à "embringuer" d'autres personnages dans ses folies. Philippe Noiret fût de ceux là. Les aurores équestres après des nuits éreintantes de cabarets et de théâtres ne se comptèrent plus : ivres de fatigues mais comblés, les deux compères partaient pour de longues balades en forêt de Rambouillet.

La famille fût également priée de s'initier aux sports équestres mais la souche ne pris pas complètement et après quelques années Jean est toujours le plus "passionné-délirant" de la famille, (... quoique parmi les jeunes pousses, la cadette aurait elle aussi un sérieux virus.)

 

Lors du tournage du film : Les Grandisson

 

 

Bienvenue au Haras de Villequoy

Dans sa relation avec le cheval, le plaisir de Jean Rochefort passe tout d'abord par son aspect esthétique. La beauté de l'équidé ainsi que le plaisir à le voir se déplacer le ravissent au plus haut point. La relation que peuvent avoir l'homme et le cheval reste pour lui un mystère. Jean est en perpétuel ébahissement devant la capacité de cet animal à être proche de l'être humain et à parfois lui donner sa confiance alors qu'à tout moment une action incohérente à nos yeux née de son esprit sauvage peut nous décontenancer. Ainsi le respect éprouvé pour le cheval se traduit dans la manière dont il entoure de soins les locataires de son Haras de Villequoy. Les chevaux y ont des boxes spacieux et la paille y est bien haute. Si un "guide Michelin" des équidés existait, ce site y aurait ses trois étoiles.

Si la beauté est pour l'éleveur Jean Rochefort un critère d'évaluation, il complète cette sélection en recherchant des chevaux près du sang qui sont à son goût les plus intéressants comme il le précise : "Quand ils sont formidables, ils le sont réellement". De plus, arguant qu'il a plus de réflexion que de jambes, et ... s'appuyant sur des connaissances rigoureuses il a établi une politique de sélection basée sur l'esthétique et l'affectif, tout en étant précis sur les origines des chevaux qu'il souhaite coupler (pur sang pour la mère et demi sang). Ainsi, le meilleur de ses reproducteurs, est issu du croisement entre sa jument préférée d'alors, Téfine et un dénommé Laudanum (dont Pierre Durand était alors le propriétaire-cavalier). Ce choix d'alors étant basé sur le plaisir qu'éprouvait Jean Rochefort à regarder cet étalon.

 

"Un éléphant ça trompe énormément".
J'ai toujours pensé qu'un obstacle de C.C.E., un jour, devrait s'inspirer de cette scène.

 

Ainsi, ses quarante années d'élevage révèlent d'intéressants résultats : un des fils de Nashville, recordman du monde de vente de chevaux de 6 ans dont l'un des fils appartenant à son coiffeur est parti aux Etats-Unis pour une somme assez rondelette a pour origine le désir du coiffeur de Jean Rochefort d'accoupler sa jument à l'étalon de ce surprenant précurseur.
On peut en effet parler de Jean Rochefort en ces termes, n'a-t-il pas effectué la première transplantation d'embryon équins en Europe? Et, le cinéma si souvent contrarié par les écarts équestres revient alors au galop pour marquer de son sceau les poulains de ce haras. Chacun se voit alors attribué un titre de film comme nom : Irma la Douce, Bout de Souffle, Casque d'Or, Derzou Ouzala, Brume des Quais, Eden à l'Est, Alphaville ...

Depuis peu Jean se tourne vers le dressage, discipline où le cavalier et sa monture recherchent l'harmonie. Elle répond chez Jean Rochefort à un réel désir de perturber le moins possible les actions de la monture qu'il chevauche.

Si, aujourd'hui Jean a considérablement ralenti son activité de compétition, il bénéficie depuis de longues années du travail de Jean-Maurice Bonneau, cavalier international de saut d'obstacle pour assurer ainsi la promotion du Haras et de ses produits.

Le Haras de Villequoy est un havre de paix où un passionné de chevaux et ses proches les entourent de tout leur amour. A l'image de Jean Rochefort, toutes les personnes qui l'entourent se doivent d'éprouver un réel respect pour les chevaux.

 

Publié dans le numéro 29 d'EQUUS-Les Chevaux. Texte : Elie Gaston